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Créer un livre pour enfants

Est-ce que créer un livre pour enfants est facile ?

On pourrait penser que créer un livre pour enfants est plus facile que créer un roman. Personnellement, je ne crois pas. C’est comme affirmer qu’il est plus facile d’écrire de la romance qu’écrire un thriller. Tout dépend de l’auteur et de son affinité avec l’univers qu’il créé. Écrire une histoire pour les enfants demande des compétences de rédaction synthétique, ce qui n’est pas toujours évident lorsqu’à côté on est habitué à l’écriture de romans. Cela demande aussi de réfléchir à la morale de son histoire, car elle doit être adaptée à l’âge visé, puis il faut réfléchir à la bonne taille, aux bonnes couleurs, au bon format, et à la mise en page intérieure (taille des paragraphes, taille des images, placement du tout, etc.).

En 2020, j’ai créé une petite collection de livres pour enfants appelée “Les aventures de monsieur Balo” en collaboration avec Barbara Pueller, l’illustratrice. J’avais quelques histoires écrites pour ma fille dans un tiroir, et j’ai voulu les repenser pour une publication en autoédition. Ensuite, on m’a présenté (virtuellement) Barbara et nous nous sommes lancées dans ce projet formidable. Je vais donc pouvoir t’expliquer un petit peu comment se passe cette construction jeunesse.

Tout d’abord, choisir la tranche d’âge pour laquelle on veut écrire.

Si pour mes romans la tranche d’âge de mon lectorat est assez large et ne nécessite pas réellement de réflexion, les livres pour enfants doivent être plus ciblés. En effet, chaque tranche d’âge possède des attentes différentes concernant un ouvrage. Il me semble primordial d’avoir une idée du lectorat que l’on veut toucher, même si cela évolue un peu lorsque l’histoire est finalisée. C’est en tout cas ma façon de procéder, car de cela va découler tout le reste, et notamment la forme de l’histoire. Pour “Les aventures de monsieur Balo”, je savais que je parlais à de très jeunes enfants en priorité. Mais à la fin de l’écriture du premier tome, j’ai su que des enfants un peu plus grands (7/8 ans) pourraient aussi apprécier nos albums comme premières lectures.

Choisir la forme du texte et le thème

Ton histoire pour enfants peut prendre plusieurs formes : le conte, l’album, la nouvelle, la bande dessinée, etc. Tu es libre de faire tes choix en fonction de l’âge de tes futurs lecteurs et de ton objectif. Est-ce que ce livre sera une histoire où la morale est au centre du sujet, peu importe la thématique ? Est-ce que ce doit être éducatif ? Si oui, à quel niveau ? Que veux-tu dire ou faire comprendre aux enfants et surtout comment ?

Pour les livres de M.Balo nous avons choisi l’histoire sous forme d’album incluant des jeux, car c’était la meilleure façon de faire comprendre aux enfants des notions importantes et plus ou moins compliquées. Cette forme est agréable pour eux, ludique et particulièrement utile. Je pense notamment au tome 2 des aventures de monsieur Balo, qui traite des numéros d’urgence. C’est à la fois un thème concret et compliqué selon l’âge des enfants. Le jeu et l’histoire permettent donc de les aider à retenir ces fameux numéros si importants sans trop d’efforts. Et pour les thèmes plus simples comme celui sur Noël, eh bien cela leur permettra juste de s’amuser. Mais… n’apprenons-nous pas l’écriture, la précision ou encore la dextérité à l’école par le biais de “simples” jeux ?

Les personnages

Les personnages sont évidemment essentiels, puisque c’est eux qui vont accrocher ou non les enfants. Ici, il faut faire preuve d’originalité et d’humour, parfois même lier le thème au physique de ce bonhomme si besoin. Dans tous les cas, le personnage principal doit avoir une apparence attachante ou drôle puisque c’est avec lui que les enfants suivront l’histoire, c’est lui qui éventuellement leur apprendra quelque chose, ou bien les fera réfléchir sur un sujet. Et c’est plus marrant d’apprendre d’un extraterrestre avec deux antennes en barbe à papa et deux grosses dents rondes qui dépassent que d’une araignée carnivore aux yeux rouges, non ?

Quoiqu’il en soit, M. Balo a été pensé en toute simplicité avec une particularité : son petit chapeau qui est devenu le logo de la collection. Je l’ai imaginé un peu maladroit, curieux, comme beaucoup d’enfants finalement. Je pense que c’est d’ailleurs ce qu’apprécient les jeunes lecteurs, ils peuvent s’identifier à ce personnage imparfait qui a bon fond.
Pour le personnage comme pour le livre lui-même, je te conseille de tester tes créations avec des enfants de ton entourage afin de voir si l’effet que tu as voulu créer se produit (surprise, rires, sourires, joie, etc). 😉

L’écriture

Alors oui, il est vrai que cette partie est plus rapide que pour un roman, je ne peux pas le nier. Cela me prend quelques jours pour l’écrire, relire et corriger le texte à partir du moment où j’ai mon thème. Néanmoins, il n’est pas toujours facile de se limiter en nombre de lignes, de parvenir à transmettre des valeurs et des explications de façon courte et pertinente, tout en n’oubliant pas d’inclure de l’humour, de la légèreté et une histoire cohérente.

La couverture, plus importante que celle d’un roman ?

Là aussi, tout dépend de l’âge visé, mais je pense surtout aux enfants de moins de dix ans puisque c’est ceux que je connais le mieux. Oui, la couverture est plus importante pour les enfants. Certains d’entre eux ne sauront pas encore lire, ils vont donc se focaliser sur ce qu’ils voient et touchent. Quant à ceux qui peuvent lire, ils n’auront pas forcément encore le réflexe de lire le résumé. L’image qui représente le livre est donc essentielle.

Pour M.Balo, il s’agit d’une collection. Barbara et moi avons donc réfléchi au titre de cette collection, à un logo repérable par les parents et les jeunes lecteurs, et nous avons placé le personnage principal dans une situation en lien avec le thème abordé à chaque tome. Les couleurs sont également importantes, elles doivent plaire aux enfants, elles doivent être vives et donner envie de s’intéresser au livre.

Le format

En ce qui concerne le format et la texture du livre, ceci est conditionné par le choix de l’imprimeur. Nous avons choisi de passer (au moins pour l’instant) par Amazon, les possibilités étaient donc limitées, notamment concernant la couverture. Ce n’est pas une mauvaise chose, juste limitant pour la conception. Quant au format, il nous semblait pertinent que les plus jeunes enfants soient contents de tenir un livre suffisamment grand, mais pas trop, et que les images et le texte à l’intérieur soient bien visibles. Nous avons donc opté pour un format carré et une disposition image/texte séparés afin de pouvoir proposer un grand dessin sur toute la page à chaque fois, ainsi que des paragraphes assez courts associés à cette image. De cette façon, les plus jeunes comme les plus âgés de notre fourchette de lecteurs s’y retrouvent.

La collaboration comment ça se passe ?

Cela dépend de ce que tu veux, et de ce que ton illustrateur souhaite aussi. Le projet peut être de l’ordre de la prestation, c’est-à-dire que tu passes commande à l’illustrateur avec un cahier des charges précis et celui-ci dessine selon cette commande. Ou bien, il s’agit d’un projet plus commun qui fait participer l’auteur et l’illustrateur à la création de l’ensemble. Après, le niveau de collaboration dépend de chacun. Il est dans tous les cas important de bien lier le texte et l’image, que le dessin retranscrive et complète l’écriture afin que l’immersion soit totale. Cela prend beaucoup de temps de s’assurer que chaque image est bonne, qu’il n’y a pas de défaut ou de désaccord avec le texte. C’est la partie la plus longue de la réalisation. Voilà pourquoi la communication entre l’auteur et l’illustrateur, les allers-retours par mail ou au téléphone sont vitaux pour garantir une bonne synergie, un bon travail d’équipe et un livre de bonne qualité.

Concernant M. Balo, j’ai effectivement écrit le texte, mais nous avons réfléchi ensemble à la cohérence de l’histoire, aux images, à la couverture, aux détails. Nous avons beaucoup échangé pour trouver à chaque fois des réponses qui nous conviennent afin que ce projet nous ressemble. Et la meilleure des récompenses est de voir combien les enfants apprécient notre monsieur Balo !

Publication Amazon

Pour conclure cet article, je n’oublie pas la partie publication, qui se déroule plus ou moins comme un roman. L’outil Kindle Kid’s Book Creator proposé par Amazon correspond au Kindle Create utilisé pour les romans. Il me permet de réaliser la version numérique de mes livres pour enfants. Concernant la version papier, notre bon vieux Word permet une mise en page impeccable et le fichier peut être chargé directement sur la plateforme.

Avant de te laisser, je précise que les enfants ne sont pas les seuls qu’il faut toucher ici. Ce sont bien souvent les parents qui regardent le livre en premier, voire qui les achètent sans les enfants. Ils savent mieux que quiconque si le livre sera adapté aux goûts de leur enfant et si l’histoire répond à leurs propres exigences (valeurs, simplicité/complexité, dessins, etc). C’est donc un point à prendre en compte lorsqu’on créé un livre jeunesse.

Maintenant que tu as lu les différentes étapes de création, penses-tu que réaliser un livre pour enfants est facile ? 😉

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